Serais-tu toujours ton ami si tu te parlais à toi-même comme tu te parles à toi-même ?
- Alfonso Lopez Espinal
- 12 déc. 2024
- 5 min de lecture

La relation la plus importante que vous ayez dans la vie n'est pas celle que vous entretenez avec vos amis, votre partenaire ou même votre famille. C'est avec vous-même. Cependant, la façon dont nous nous traitons intérieurement ne reflète pas l'attention, le soutien et la gentillesse que nous aimerions recevoir des autres.
Vous êtes-vous déjà arrêté pour écouter les mots que vous vous dites lorsque vous faites une erreur ou lorsque quelque chose ne se passe pas comme prévu ? Imaginez maintenant que vous disiez ces mêmes mots à un ami proche. Pensez-vous que cette relation survivrait ? Probablement pas. Cet article invite à une réflexion approfondie sur la manière dont le discours intérieur affecte notre vie et explore comment nous pouvons le transformer pour qu'il devienne notre meilleur allié plutôt que notre critique le plus sévère.
Comment nous traitons-nous nous-mêmes ?
Imaginez une situation simple : vous avez fait une erreur au travail, vous avez oublié quelque chose d'important ou vous avez simplement passé une mauvaise journée. Que vous êtes-vous dit à ce moment-là ? Pour beaucoup, le discours intérieur est rempli de phrases telles que : « Je suis un tel gâchis », « Je ne fais jamais rien de bien » ou « Comment ai-je pu être aussi stupide ? ».
Ce type de conversation interne peut sembler normal, mais il a un impact profond sur notre estime de soi et notre bien-être émotionnel. Selon la psychologue Kristin Neff, spécialiste de l'autocompassion, la façon dont nous nous parlons à nous-mêmes ne reflète pas seulement l'image que nous avons de nous-mêmes, mais définit également la façon dont nous agissons face aux défis. Un discours négatif sur soi peut nous paralyser et nous faire douter de nos capacités (Neff, 2011).
Faisons maintenant un exercice mental : imaginez qu'un ami proche vous dise qu'il a fait la même erreur que vous. Que lui diriez-vous ? Il est probable que vos mots seraient totalement différents. Vous tenteriez probablement de l'encourager avec des phrases comme « Ne t'inquiète pas, nous faisons tous des erreurs » ou « Cela ne définit pas qui tu es ; la prochaine fois sera différente ».
Si nous sommes capables de faire preuve de gentillesse et de compréhension envers les autres, pourquoi ne pouvons-nous pas en faire autant pour nous-mêmes ?
L'impact du monologue intérieur négatif
La voix intérieure critique n'est pas qu'un simple bruit dans notre esprit ; elle a des conséquences réelles. Lorsque nous répétons constamment des phrases négatives telles que « Je ne suis pas assez » ou « Je n'arriverai jamais à rien », notre cerveau commence à les accepter comme des vérités. C'est ce qu'on appelle le biais de confirmation : nous recherchons inconsciemment dans notre vie quotidienne des preuves qui renforcent ces croyances, même si elles ne sont pas objectivement vraies (Ellis, 1962).
Le problème est que ce type de dialogue n'affecte pas seulement notre estime de soi ; il alimente également l'anxiété, la dépression et un sentiment d'impuissance. Une étude publiée dans le Journal of Personality a montré que les personnes qui se critiquent elles-mêmes sont plus susceptibles de souffrir de stress chronique et de problèmes de santé mentale (Morin, 2011).
En revanche, la pratique d'un discours intérieur bienveillant améliore non seulement notre bien-être émotionnel, mais nous rend également plus résilients face aux défis. Une voix intérieure compatissante nous aide à considérer nos erreurs comme des opportunités d'apprentissage plutôt que comme des échecs personnels.
L'origine de notre voix intérieure critique
Personne ne naît en se critiquant. Ce discours négatif sur soi s'apprend au fil du temps, souvent de manière inconsciente. Il peut provenir de la façon dont nous avons été élevés, de nos expériences scolaires ou même de nos relations passées.
Par exemple, si vous avez grandi dans un environnement où la critique était constante et où la perfection était attendue, vous avez probablement intériorisé cette façon de vous parler. Selon Albert Ellis, fondateur de la thérapie comportementale rationnelle et émotive, nombre de nos croyances irrationnelles et autocritiques se forment pendant l'enfance et se renforcent au fil du temps (Ellis, 1962).
Bien que ce dialogue critique ait pu avoir une utilité à un moment donné - comme nous protéger de l'échec ou nous aider à nous intégrer - il peut maintenant faire plus de mal que de bien.
Comment transformer votre discours sur vous-même
La bonne nouvelle, c'est que si nous avons appris à nous parler à nous-mêmes de cette façon, nous pouvons aussi le désapprendre. Changer son discours ne se fait pas du jour au lendemain, mais avec de la pratique et de la constance, c'est tout à fait possible. Voici quelques stratégies pratiques :
Prenez conscience de vos pensées
La première étape pour changer votre discours consiste à remarquer ce que vous vous dites à vous-même. Lorsque vous vous surprenez à vous critiquer, faites une pause et demandez-vous si c'est vraiment vrai. Par exemple, si vous pensez : « Je me plante toujours », réfléchissez : Est-il vrai que vous échouez toujours ou s'agit-il d'une exagération ?
Recadrez vos critiques
Remplacez les phrases négatives par des affirmations plus équilibrées. Par exemple :
Au lieu de dire « Je suis un raté », essayez plutôt « J'ai fait une erreur, mais je peux en tirer des leçons et faire mieux la prochaine fois ».
Il ne s'agit pas d'ignorer la réalité, mais de se concentrer sur une perspective constructive.
Parlez à vous-même comme à un ami
Avant de vous dire quelque chose, posez-vous la question suivante : « Est-ce que je dirais cela à quelqu'un que j'aime ? » Si la réponse est non, trouvez une façon plus douce de l'exprimer.
Pratiquez la gratitude envers vous-même
À la fin de chaque journée, écrivez ou pensez à une chose que vous avez bien faite, aussi petite soit-elle. Cela renforcera une relation positive avec vous-même et vous aidera à vous concentrer sur vos points forts.
« Reconstruire votre dialogue intérieur » est plus qu'un simple exercice ; c'est l'occasion de transformer la façon dont vous vous parlez à vous-même et de commencer à cultiver une relation plus compatissante et encourageante avec vous-même. Il est temps de devenir votre meilleur allié !
Pensez à un événement récent qui ne s'est pas déroulé comme vous l'espériez.
Notez la première chose que vous vous êtes dite à ce sujet.
Maintenant, reformulez cette pensée comme si vous la disiez à un ami proche.
Réfléchissez à ce que vous ressentez en changeant de point de vue.
Voici un exemple :
Pensée initiale : « Je ne suis pas doué pour ça ».
Reformulez : « Aujourd'hui n'a pas été mon meilleur jour, mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas m'améliorer ».
La pratique régulière de cet exercice peut vous aider à transformer votre dialogue interne en un outil de soutien.
Pour conclure, je tiens à vous rappeler que la relation la plus importante que vous aurez dans votre vie est celle que vous entretenez avec vous-même. Si cette relation n'est pas positive, tout le reste en pâtira. Vous avez le pouvoir de changer la façon dont vous vous parlez à vous-même et de devenir votre meilleur allié.
Comme l'a dit Louise Hay : « S'aimer soi-même est le début d'une vie pleine d'amour et de bonheur » (Hay, 1984). Commencez dès aujourd'hui, par de petites actions, à construire une relation plus douce et plus compatissante avec vous-même.
Sources bibliographiques
Ellis, A. (1962). Raison et émotion en psychothérapie. New York : Lyle Stuart.
Hay, L. (1984). Vous pouvez guérir votre vie. Hay House.
Neff, K. (2011). Self-Compassion : The Proven Power of Being Kind to Yourself (L'autocompassion : le pouvoir éprouvé d'être gentil avec soi-même). HarperCollins.
Morin, A. (2011). « La conscience de soi et le rôle du discours intérieur dans la santé mentale ». Journal of Personality.
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